mardi 13 octobre 2009

Bourrasque

Cette fois, elle n’est plus dans un parc, elle est dans un café.
Comme d’habitude elle ne fait rien, si ce n’est observer les gens passer. Le temps est capricieux, il se couvre. Elle a froid mais reste immobile ; elle n’a pas envie de froisser son humeur plus qu’elle ne l’est déjà. La sensation d’un manteau exhumé d’un placard, ou d’un parapluie usé, ou d’une vielle cloche, l’étreint. D’une vieille cloche, oui. Exactement. Tout va pour le mieux, pourtant. D’où vient alors cette insatisfaction rampante ? Pourquoi ce trouble, envahissant ?
Une dame ornée d’un petit chien - irresponsable parure consentante - passe devant elle.
La vacuité de ses actes lui apparaît avec violence. Agir sans noble cause, à quoi bon ? Une « noble cause » ? Vanité.


Elle se sent engoncée dans une question silencieuse, un doigt de pied en équilibre au-dessus du vide. Impossible de formuler le saisissant indicible qui siège au cœur de son être. Un observateur extérieur pourrait penser ces sensations marécageuses comme des sursauts de tristesse. Mais il se tromperait. Effusions, épanchements, troubles, cris et autres démonstrations sentimentales sont sans substance, cette vérité la frappe soudain. Elle y voit un simple symptôme, la fluctuation d’un esprit agité. Ce ne sont pour elle que mouvements périphériques.
Elle sait le centre, et le centre est tout autre. Il est calme, comme un roc. Profondément détaché de cette agitation, il observe. Ni trouble, ni jugement, ni attente. Il est simplement là, malgré l'hiver.

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