vendredi 30 mai 2008

dimanche 25 mai 2008

mercredi 21 mai 2008

Silence

Les mots parlent.
Lorsqu’ils bavardent, laissez les se taire d’eux-mêmes : ils sonnent creux.

Qui es-tu, toi qui ose parler ?
Qui es-tu, toi qui te targues de savoir dire ?
En as-tu seulement la moindre idée ?
Que penses-tu réellement ?
Quelle puissance attribues-tu à ces traits d’encre ?
Penses-tu tromper le monde avec ton verbe ?
Personne ne te crois.
Ton sourire composé, ta face de cire et tes gestes empruntés témoignent.
Ne vois-tu pas que tu es devenu mondain ? De palabre en beaux mots, de citations en références, tu poses sous le feu de tes propres projecteurs. Tu t’auto congratules.
Tu tricotes de petits chandails de mots pour te tenir chaud, car tu as froid lorsque le regard des autres se pose sur toi.
Si tu arrives à briller devant ces yeux, peut-être finiras-tu par considérer que tu as un intérêt, finalement. Mais rien n’est moins sûr. Pauvre étoile ! Prisonnière de morceaux de vents, sa lumière est trouble.

Commodes véhicules de pensée, les mots parlent.
Mais vigilance : la cloison entre bavardage et réelle communication est fine.
Le bavardage a été créé par les agités pour fuir le silence. Du tapage diurne, collectif.
De jolis mots d’esprit pour oublier le reste, pour se détendre, dit-on. Et ça fonctionne à merveille. Nous rions en chœur à ces mots et à ceux des autres, distribuons clins d’œils entendus et boutades. Puis vient le moment de rentrer chez soi. Sourires, coups de coude, rafales de formules de circonstance, la porte se referme, noir du couloir.
À tâtons, le long du mur, tu cherches l’interrupteur. Seul. En silence. Soudain, chaque son se détache nettement, prenant une dimension différente vaguement inquiétante. Tes doigts trouvent le morceau de plastique, que tu presses. La pensée qu’il serait plus pratique de réparer la lumière de cet interrupteur pour mieux le repérer dans le noir te traverse. Ils auraient dû le mettre plus près de l’ascenseur, là on pourrait le confondre avec une sonnette. Glissement de métal, les portes automatiques s’ouvrent, tu entres. L’odeur t’attrape désagréablement les narines. C’était une bonne soirée. Tu appuis sur zéro, les portes se referment. Un brouillard confus danse dans ta tête. Tu y picores des bouffées de souvenirs, agençant les scènes entre elles de façon à créer un scénario digne de « bonne soirée ».
Ton esprit joue à saute-mouton.
Il bavarde. Il tricote.
Absorbé par son activité, tu as oublié la lune, les arbres, les oiseaux, et même cette brise qui souffle doucement sur ton visage. Tout ça car Madame Bla et Monsieur Bla t’ont parlé de leur maison au cap-Ferret. T’y inviteront-ils cet été ? Ils invitent bien Bou et Tade. Tu te demandes si tu aimerais passer plusieurs jours en leur compagnie.
Tu es seul en prise avec le vacarme incessant de ton esprit.
Laisse les anges poser leur index sur les lèvres de tes pensées.
Reste coi en dedans et regarde.
Qu’est devenu le taquin verbe ? Du vent.

Le silence révèle.
Les mots parlent.
Chut.

mercredi 14 mai 2008