mardi 30 juin 2009

Sélection Saatchi & Saatchi 2009 !


Autokratz "Stay the same" est dans la sélection du 19thSaatchi & Saatchi New Directors’ Showcase !
Le programme a été diffusée à Cannes le 25 juin... Rien que d'y penser, je suis toute intimidée !
Merci à Gustavo Almenara de m'avoir aidé sur ce projet !

dimanche 21 juin 2009

Choix de conjugaison matérielle

Être est un groupe, habillé de la même façon. Lorsque le groupe parle, c'est de concert. De temps à autre chaque individu prononce tour à tour une fraction de phrase.
En face de lui est Avoir, seul et très sûr de lui. Un roc.
Pendant le dialogue, Être se déploie, perpétue des gestes d'indignation et de colère, s'agite.
Avoir est calme.

ÊTRE
Non ! Taisez-vous ! Vous m’avez déjà assez heurté. Je ne veux plus rien entendre, ne voyez-vous pas les rigoles de sang que charrient mes oreilles ? Elles me chatouillent le cou. C’est humide sur ma poitrine. Ne voyez-vous pas ? Ils ne voient pas ! C’est à se demander s’ils ont déjà vu !
Je vais vous dire ce que j’en pense, moi, puisque les aveugles sont ici couronnés.
Votre système est inhumain. Vous pouvez me traiter de naïf en riant, vos grandes bouches ne me font pas peur. Qui êtes-vous, bande d’Hypothèses ? Qui pensez-vous être ? Comment osez-vous bafouer le monde à ce point ? Je vous crache !

AVOIR
Tu ne comprends rien.
Tu perds tout car tu ne sais pas ce que tu peux gagner. Ce que nous sommes, tu dois le devenir, sous peine de rester enfermé dans ton monde illimité. Nous sommes présents car nous savons que nous gagnons notre futur ; nous savons aussi qu’un jour nous le perdrons. En attendant, nous accumulons, car accumuler donne un sens. Nous aimons nos biens. Nous pouvons les contrôler. Ils ont un rôle clair dans notre existence, une finalité. Nous devenons, grâce à ce système, des êtres sensés. Nos actes prennent une dimension nouvelle car ils ont une direction claire. Cela s’appelle la civilisation.

ÊTRE
Et la vie ? Ce que vous appelez civilisation est seulement une illusion de pouvoir ! Faute de vous contrôler vous-même, vous imposez vos caprices au monde matériel ! Dans votre système, « avoir » égal « pouvoir » ! Je m’insurge ! Nous sommes bien plus riches que ce que nous avons !

AVOIR
Hahaha ! Détend toi, mon cher. Tu peux dire ce que tu veux, de toute façon nous sommes majoritaires.

ÊTRE
Alors j’incarnerais la révolution jusqu’à mon dernier souffle !

AVOIR
Nous te ferons mettre une plaque.

jeudi 11 juin 2009

Vertigineusement

C’est mal assise, les fesses mollement calées dans un siège peu pratique, que mes pensées coulent vers leur point d’expansion. Voyager en avion remonte le temps.

Je regarde dehors, tout est noir. Les hôtesses nous traitent comme des enfants, avec force de miel et de sourires édulcorés. Si je meurs aujourd’hui, c’est que c’était le moment.

Je pensais avoir peur de l’avion et mon appréhension prenait son essor en crescendo alors que nous préparions notre envolée. À côté de nous, un asiatique. Hilare. « Ça c’est le petit volet, regardez, regardez ». Nous regardons la tôle de l’aile.
« Là ! » Oui, ça bouge, effectivement.
« J’étais pilote de chasse quand j’étais jeune ! ». Se remémorer cette époque le met dans tous ses états. Immédiatement, je commence à le harceler de questions sur le mode de fonctionnement de ces fameux petits volets. Ils sont perpendiculaires aux ailes de l’avion lors du décollage. L’avion s’élance alors sur la piste jusqu’à atteindre 400km/h et la résistance de l’air, appuyant sur ces volets, le fait décoller automatiquement. Rien de magique. Juste un simple phénomène physique inévitable.

Cette démystification a eu pour effet de dissoudre en moi tout résidu d’appréhension.
Ce n’est donc pas de l’avion que j’ai peur, non. L’avion est une excuse commode pour éprouver ma peur du vide ; ce vertige une fenêtre ouverte sur l'indicible.
Le vide est impensable. Il est juste trou. Facile de visualiser ce vide autour d'un avion, d'imaginer s’y perdre, disparaître. Se résoudre à tomber dans le vide une bonne fois pour toute, sans simagrée, pourquoi est-ce si effrayant ? Suis-je à ce point attachée à mes édifices de pensées sculptés par le temps ?
Il faut croire que oui.
Fantastique ! C'est donc par vanité que j'ai peur de mourir.